Bio et démarche

Portrait Philippe Wauman Alias Anantakara Musique

le projet musical

Cheminer du son à l’être en parcourant inlassablement la quête du point de rencontre des opposés, un point inattendu qui régénère et accompli avec des calligraphies sonores. Une verticalité qui infuse une horizontalité. Un projet créateur de son, de sens et de souffle en ouvrant des espaces-temps où l’on suit des parcours initiatiques invoquant l’intériorité poétique, imaginaire et spirituelle.
Des univers musicaux immersifs et évolutifs qui font se rencontrer -sans qu’ils ne s’emmêlent- des éléments dit « ethniques », « électro-acoustiques », « néo-classiques », »jazz », « electroniques » avec pour trame de fond des thématiques philosophiques.

élans et intensités

Philosophe de formation (UCL, Belgique), dessinateur et animateur de sens, artiste avant tout, je porte un regard ‘sauvage’ sur nos penseurs et une oreille vive pour les orients de la pensée.

Tôt, je peuple mon imaginaire de sons, de voix, de structures, de flux ; des chants pygmées aux récifs de la musique contemporaine (Cage, Feldman, Scelci, …), en passant par la vitalité du rock, les harmonies du jazz, les ragas indiens, Mozart, Monteverdi…, les affronts technos, les saccades de l’électro et l’amplitude de l’ambient : pourvu qu’il y ait univers, définition, dimension.

>pour en savoir plus lire cette interview du webzine rythmes croisés

initier des voyages introspectifs

Initié à la notion de « passeur d’intensité » par Alain Veinstein, je m’ouvre au pluri‐disciplinaire : poésie, littérature, cinéma, musique. Pour moi, sons et silence sont indissociables. Guitariste et flûtiste, je compose de longues improvisations où corps, présence et inspiration font tri‐unité.

En 2005, je commence à élaborer ce qui deviendra ma lutherie électronique. Depuis 2008, je suis intervenant musical régulier auprès de « Corps en Scène » avec Jean Mastin. Travail d’improvisation et de spatialisation sonore avec les acteurs, en répétition et sur scène, dans un contexte transdisciplinaire. Présence d’un « corps sonore acteur » inter‐ agissant avec le « corps en scène » des acteurs. 28 créations à ce jour. En 2008 toujours, je fonde un collectif variable de musique « intemporaine » : Anantakara.

l’intention artistique

La musique est inséparable du temps. Elle s’écoule, s’étire dans une durée. Qu’on le veuille ou non, elle s’inscrit dans un déroulement – lui-même inhérent à toute propagation. Elle utilise des modes pour habiter cet espace de temps, l’accomplir d’une certaine manière, et nous transporter dans un univers qui génère une sensation de temporalité unique.

Que se passe-t-il lorsque la « narration » que sont mélodie et structure est suspendue ? Qu’il n’y a plus cette cette assise première entraîner l’attention vers un-quelque-part-défini. Qu’un principe autre vient organiser le temps ? Qu’il n’y a plus rien à suivre ? Et qu’il est alors précisément soit dès lors question d’aiguiser la vigilance, d’attiser la présence à soi ?

Que devient l’acte même de la composition ? Comment signer une sorte de « trou noir » dans la temporalité et « concentrer-étendre » un espace dont la gravitation, l’intensité de poids, ira pulser sur nos voûtes perceptives ?

Que devient celui qui écoute ? Devient-il participant ? Co-créateur en tant qu’il n’est plus spectateur de rien, n’assiste plus à rien, mais co-crée un ici et maintenant à fortiori inédit dans son histoire personnelle. En sera-t-il amené dans quelque « autre part » de lui-même ?

J’explore ce que l’on appelle aujourd’hui la dimension sonique. Un concept qui allie son et musique. Une musique qui tourne autour du « son » et non plus autour de la « sonorité » comme nos héritages classique et moderne nous l’ont enseigné. C’est une musique qui s’ouvre à la dimension du cosmos, et donc à la spatialisation : le haut, le bas, l’étendue, les orientations, les cycles, les glissements…

Ma pratique sonique est une mise « en travail », une mise en présence. Elle invite à être présent. En présence de ce lieu qui n’a pas de lieu, qui n’est nulle part dans le tout. L’investissement d’une présence qui invite au sens, au plein et au vide, du frémissement émerveillé.

La performance devient un acte fait de gestes et de souffles, d’amplitudes et d’a-partitions, de traces à suivre et à soustraire, de suspensions et de silences, d’intensités et d’insondables…

Paul Klee – ce grand peintre – écrivait que tout artiste cherchait « la clé secrète de tout ». Et qu’elle se trouve dans le chaos, en « ce Rien qui n’est opposable à rien ». Cet « en travail » est semblable à « la fixation d’un point dans le chaos » dont Klee affirme qu’elle est « le moment cosmogénétique » préalable à toute création.

Une musique de l’être-là qui cherche les rebords finis de l’infinitude.

L’empreinte ténue de la réception immédiate du monde

une musique qui écoute les glissements du silence,

qui cherche à dénouer l’astreinte du connu.

J’aime le silence que l’on peut entendre sous le bruissement du monde.

Le silence qui permet la musique.

La musique qui fait entendre le silence.

La musique qui fond dans le silence.

Le silence qui s’expose dans le son.

Le silence blanc qui s’irise dans la nuée des émotions.

Pour s’incorporer dans la fluidité chromatique.

De la saccade à l’amplitude, du cycle lyrique à l’épure spiralée.

(Anantakara)